Samia Saad-Bouzefrane (Samiya n At Velɛid en Kabyle), directrice du laboratoire CEDRIC du Cnam (Paris) depuis janvier 2024 et médaillée « Femme Cyber-Chercheuse Europe » en décembre 2024, illustre un parcours remarquable alliant excellence académique et engagement culturel. Formée en informatique à l’ESI d’Alger puis contrainte à l’exil en France en 1994 après deux années d’enseignement à l’université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou en tant que maître-assistante, elle obtient son doctorat à Poitiers en 1998 avant de rejoindre le Cnam en 2002 où elle devient professeure des universités en 2019. Spécialiste reconnue de l’Internet des objets et de la cybersécurité avec plus de 150 publications scientifiques et plusieurs livres, elle cumule les responsabilités académiques (responsable nationale du diplôme d’ingénieur informatique Réseaux-Systèmes-Multimédia depuis 2018) et institutionnelles (référente en informatique pour la cellule du Crédit Impôt Recherche de 2019 à 2023 au MESR, membre du Conseil National des Universités de 2023 à 2025). Au-delà de ses activités de recherche et de l’encadrement de plusieurs thèses de Doctorat en Informatique, elle se distingue par son militantisme pour la préservation de la langue kabyle, créant un lexique informatique trilingue de référence et proposant des cours de vulgarisation technologique en kabyle, initiatives pionnières qui marquent l’histoire de la transmission des savoirs dans cette communauté linguistique.
Dans le cadre du festival du livre, Samiya n At Velɛid abordera la problématique cruciale des langues peu dotées, ces idiomes disposant de ressources linguistiques et technologiques limitées qui les placent en situation de vulnérabilité face à la mondialisation numérique. Elle explorera comment l’intelligence artificielle peut constituer un levier de revitalisation pour ces langues souvent menacées de disparition. L’intervention mettra en lumière les défis techniques et méthodologiques liés au développement de ces technologies pour des langues disposant de corpus réduits, tout en présentant les opportunités offertes par les avancées récentes en apprentissage automatique. La langue kabyle, riche de plusieurs millions de locuteurs mais confrontée aux enjeux de transmission intergénérationnelle et de présence numérique limitée, servira d’exemple concret pour illustrer les stratégies de préservation et de modernisation linguistique. Cette approche permettra de démontrer comment la technologie peut contribuer à maintenir vivantes les langues minoritaires tout en facilitant leur adaptation aux enjeux contemporains de communication et d’éducation.
Photo de couverture prise au Musée des Arts et Métiers de Paris le 11 avril 2025.
[Conférence] Dimanche 26 octobre à 10h00
Le Klub
Comment l’intelligence artificielle peut devenir un levier de revitalisation pour les langues minoritaires. Un regard inspirant sur la rencontre entre innovation et diversité linguistique.