Attribué pour la première fois en 1983 à Jean-Claude Bourlès pour La Chronique d’un bel été, Le Prix Louis Guilloux, créé par le Conseil général des Côtes d’Armor, récompense chaque année, un roman qui « à l’excellence de la langue » répond à « la dimension humaine d’une pensée généreuse, refusant tout manichéisme, tout sacrifice de l’individu au profit d’abstractions idéologiques ». Parmi les lauréats : Philippe Le Guillou, Didier Daeninckx, Sylvie Germain, Jorge Semprun ou Andrée Chédid… En 2008, ce fut Boualem Sansal qui fut distingué pour Le Village de l’Allemand (Gallimard).

Tout part du massacre d’habitants du village d’Aïn-Deb perdu au fond de l’Algérie par des combattants islamistes. Parmi les victimes, le cheikh Hassan apprécié de tous, de son vrai nom Hans Schiller, ancien SS réfugié en Algérie et passé au côté du FLN. Ses deux fils, éduqués en France, nés de l’épouse arabe de Hans, découvrent avec stupeur et horreur qui était leur père. Chacun de son côté, Rachel et Malrich enquêtent  et plongent dans le passé qu’on ignore et le présent que l’on croit connaître. De l’Allemagne nazie à l’Algérie socialiste, des SS aux islamistes, et jusqu’au plus profond des « cités » françaises, Boualem Sansal extrait le pus de nos plaies historiques,  religieuses, sociales pour que le « sang noir » laisse place à celui qui n’inondera plus aucun sillon et coulera, fraternel, dans les veines de la vie.

Yannick Pelletier

Photo de couverture par Danielle Pelletier : Boualem Sansal lors de la remise de son prix Louis Guilloux à Saint-Brieuc. Accompagné de Yannick Pelletier et de Michel Le Bris.