Le président de l’assemblée territoriale corse, Jean-Guy Talamoni, assurera cette année la présidence du festival du livre en Bretagne de Carhaix et coupera donc le ruban inaugural de cette 28ème édition consacrée à la Corse. Membre du conseil de la langue et de la culture corse, militant du mouvement national bien connu, il est l’auteur de plusieurs ouvrages tant sur la vie politique de l’île que sur la langue à laquelle il est particulièrement attaché. Il a obtenu de nombreux prix littéraires.
Dans son dernier livre, Jean-Guy Talamoni explique que depuis un quart de siècle qu’il négocie avec Paris il a appris une chose essentielle qu’il ne soupçonnait pas au départ : « De droite ou de gauche, un sujet accorde tous les gouvernements français dans une forme d’hypersensibilité chronique, suscitant les mêmes réactions épidermiques : la langue. Oser mettre en avant les vertus d’une autre langue que le français reviendrait à attaquer celle-ci. Un crime de lèse-majesté. Pour Paris, la question de la langue ne ressortit pas à la politique mais relève quasiment de la théologie… ». Sur ce point, les promoteurs de la langue bretonne seront certainement en accord avec Jean-Guy Talamoni.
Dans ce même ouvrage publié chez Flammarion, Avanza ! La Corse que nous voulons, Jean-Guy Talamoni défend les revendications de son peuple et la légitimité historique des Corses à être indépendants. Il appelle les élites à réviser leur position sur le statut de l’île et enjoint les Corses à prendre en main leur avenir.
Lors de la cérémonie officielle de son installation à la présidence de l’assemblée territoriale Jean-Guy Talamoni a prononcé son premier discours en langue corse et prêté serment de la même manière sur la Giustificazione della rivoluzione di Corsica, un texte de 1758. Cette démarche volontariste a provoqué le buzz dans les médias parisiens suscitant des commentaires pas toujours très respectueux.
Le président de l’assemblée, avocat de formation et enseignant de droit et de littérature corse à l’université de Corte, a un long passé militant derrière lui. En 1999, il était de la délégation corse qui négociera les « Accords de Matignon » (statut fiscal particulier, enseignement du corse, processus de pacification…) avec Lionel Jospin.
Quelques mois après l’élection de trois députés nationalistes à l’assemblée nationale (sur les quatre que compte l’île), le festival du livre de Carhaix ne pouvait rêver meilleur porte-parole et plus ardent défenseur de la lange et de la culture corses.