40 ans après un message d’actualité ?

40 ans après son décès, le festival du livre de Carhaix se propose d’explorer l’œuvre immense d’Anjela Duval, la poétesse-paysanne du Vieux-Marché dans les Côtes d’Armor. Son message est-il toujours d’actualité et ce qu’elle écrivait le soir après sa journée de labeur peut-il encore interpeller la jeunesse ? La question mérite d’être posée. « Anjela Duval est cette femme qui, pendant le jour, cultive la terre de sa petite ferme, Traoñ-an-Dour, et qui, le soir, sort ses cahiers et écrit des poèmes en langue bretonne. Le breton est sa langue de tous les jours. Elle a appris la langue littéraire, c’est-à-dire en fait à lire et à écrire, qu’elle enrichit de ses mots, de sa sensibilité. Ses poèmes révèlent son amour lucide de la nature, sa rage contre le déclin organisé du breton, ses angoisses, son humour… », nous disent « Les amis d’Anjela », l’association qui a édité l’ensemble de l’œuvre de la poétesse-paysanne.

On peut se demander ce qu’aurait pensé la paysanne en entendant à la radio un de ses textes chanté par Nolwen Le Roy par exemple ? L’artiste de variété bien connue du public français chante en effet Karantez Vro, un poème d’Anjela Duval. Mais elle n’est pas la seule bien entendu. Gwennyn, Yann Tiersen, Gwalarn… l’ont également fait avec talent.

« J’en ai bien peur : ma vieille amie, la grande dame de Traoñ-an-Dour, aura été le vrai dernier barde-laboureur. Et, reprenant sa psalmodie, force-nous sera de revenir à cette ultime source, pour nous réaccorder au chant profond de la terre. On opposera que bien des poètes se situent dans ce registre. À la différence d’Anjela, sans que la qualité de leurs œuvres soit en cause, ils voient, ils sentent la nature du dehors. La fermière vieux-marchoise, en osmose permanente avec la glèbe, exprime le dialogue qu’elle entretient avec elle, d’un angélus à l’autre. » « Me voici confronté à une interrogation majeure. Anjela aura-t-elle été une météorite dans le ciel de notre littérature ou demeure-t-elle une étoile scintillant toujours dans notre firmament ? », écrit Roger Laouenan, un proche de la poétesse. « Le nom d’Anjela Duval fleurit sur les plaques au coin des rues, des places. Je n’entends nullement condamner cette réhabilitation posthume. Anjela Duval a honoré et honore toujours la Bretagne. Hommage lui est dû. », dit-il encore.

Le festival du livre en Bretagne de Carhaix le fait, avec ses modestes moyens, à l’occasion des 40 ans du décès d’Anjela et quelques mois avant l’installation définitive de sa statue sur une place de Carhaix.

Anjela Duval, « ar barzh paour », dastumadeg / collection de Roger Laouenan